Tournant la clé dans le démarreur de la moto que j’avais enfourché à la sortie de mes cours, je retirais mon casque et laissais la brise fraiche de fin de journée fouetter mon visage, me réveillant légèrement pour voir où la route m’avait amenée. Mes yeux se plissaient légèrement alors que les rayons du soleil venaient les éblouir et je dus mettre quelques petites secondes à me faire à la clarté qui me faisait face, puis distingua ci et là de la verdure, des arbres et fontaines, qui me rappelaient bien un endroit de la ville où je n’étais pas allé depuis pas mal de temps maintenant. me faisant à la clarté et à la nouvelle vue qui se distinguait sous mes yeux, je regardais attentivement les alentours, voyant d’un coté une famille prendre un gouter, les enfants jouant au ballon ou avec leurs parents, et d’autres part, des amoureux mains dans la main, marchant sur les chemins fait de graviers blancs, d’autres se trouvant encore dans l’ombre d’un arbre, à l’abri de regards indiscrets pour pouvoir s’embrasser en toute tranquillité. Je souriais en voyant ce tableau qui se peignait sous mes yeux alors que je levais mes fesses de la confortable selle en cuir de ma moto, prenais mon casque dans les mains et ouvrais mon blouson pour laisser entrer un peu d’air frais avant de partir sur les chemins du parc. J’avais envie de repos, d’évasion, de tranquillité. Chose qui serait la bienvenue dans cette vie, dans ma vie, terriblement délicate du moment. Je devais aller voir Alessia dans quelques heures, et bien que cela me plaisait, me faisait extrêmement plaisir même, j’avais toujours cette peur qui me rongeait, celle où nous pourrions nous faire découvrir et qui ferait en sorte que notre histoire se terminerait, ni plus ni moins. Je soufflais un peu, essayant de me libérer l’esprit alors que j’arrivais près d’un arbre en bordure de chemin, où personne n’était présent. Sans trop réfléchir, je venais m’y installer, enlevant mon blouson que je déposais sur l’herbe fraiche avant d’y poser mon casque.

Me posant dans l’herbe, je regardais autour de moi avant de m’allonger, les bras croisés derrière la tête et de fermer les yeux. Inspirant un bon coup, gonflant mes poumons d’airs frais, je soupirais longuement tout en repensant à où j’en étais en ce moment dans ma vie. Ce qui s’était passé, ce qui était entrain de se passer et ce qui allait se passer. Je ne savais pas vraiment ce que j’allais faire de ma vie. Je voulais à tout prix que cette dernière se fasse avec Alessia, jusqu’à la fin, mais dans cette situation, j’avais peur qu’on me l’enlève. Cette guerre entre nos deux clans était d’autant plus dangereuse pour notre relation. Etant chacun un enfant de leader, nous étions par conséquent les cibles de l’autre clan. Je pouvais perdre Alessia bien trop rapidement et inversement, cette dernière pouvait me perdre tout aussi rapidement. On n’était jamais à l’abri de quoi que ce soit, surtout à Vérone. L’envie de l’enlever, de l’embarquer avec moi et de partir loin d’ici, loin de tout ça, était de plus en plus tentante. Cette envie prenait une place très importante en moi et je luttais chaque jour pour ne pas me laisser aller. De plus, je ne savais absolument pas ce que pensais Alessia de ce genre de proposition, d’action. Abandonner tout le monde pour venir vivre avec moi au loin de toute cette guerre absurde. Je ne savais pas trop. Soufflant de nouveau, je rouvris les yeux et me redressais, venant m’adossais au tronc de l’arbre qui produisait son ombre sur moi et me remettais à regarder autour de moi. Il y avait toujours autant de monde dans le parc, toujours autant d’enfants qui jouaient ci et là. Je souriais à les voir, à voir cette innocence dont ils étaient habités. Si seulement j’avais eu ce genre d’enfance moi aussi à leur âge. Je les jalousais en quelques sortes. J’avais beau avoir de l’argent et tout ce que je voulais, tout cela restait que du matériel.

Soudainement, alors que je tournais mon regard vers les chemins venant du Nord du parc, je croisais une silhouette fine, élancé, avec des jambes interminables et un corps qui en ferait baver plus d’un. Je regardais cette jeune femme approcher et au fur et à mesure que ses pas la menaient à moi, je commençais à voir de qui il s’agissait. Diamante. Cette jeune blonde, amie de la famille Giacomini depuis presque toujours. Accessoirement membre du clan adverse. Je connaissais cette fille de vue simplement. Plus jeune, j’avais pu entendre Sperenza parler d’elle, me dire à quel point elle était chiante, conne, et qu’elle ne comprenait pas pourquoi Vito l’appréciait tant. Je me rappelle la façon dont elle était en rage contre elle, et la façon dont cela m’amusait. Je regardais la jeune femme et me demandais alors d’un seul coup une chose. comment cela se faisait-il que Sperenza était de plus en plus joyeuse en la voyant depuis quelques temps maintenant ? Etaient-elles devenues de grandes amies ? Je ne savais pas trop quoi en penser. En d’autres circonstances, j’aurais pu dire que les deux filles faisaient des choses pas très catholiques ensemble, cependant, cela n’était clairement pas possible quand on connaissait Sperenza. Je veux dire par là, le nombre de garçons qui avaient pu lui passer dessus. Pas que je considérais ma sœur comme une pute, pour tout dire, pour cela on se ressemblait grandement – enfin moi avec les filles quoi – mais bon, j’avais du mal à croire que Sperenza pouvait avoir des relations lesbiennes. Enfin bref, je m’égarais totalement là. Je regardais Diamante avancer, ne sachant pas si elle m’avait vu ou non, si elle me connaissait ou non, et ne dit rien, la regardant simplement comme tout homme aurait pu la regarder, attendant de voir si elle ou non me reconnaître et comment elle réagirait si c’était bien le cas.